LES FONDAMENTAUX
DU HIP HOP

Crédits photo : Marc Terranova (Les Atomic Breakers, Place de la Sorbonne, Paris, 1987)

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Le hip hop, c’est une culture positive, un mouvement, une philosophie.
Il s’est en premier lieu exprimé dans la musique, le rap, le graffiti, le djing, le breakdance.
C’est au départ le cri d’une jeunesse oubliée et révoltée. 
Une jeunesse inventive, qui veut émerger dans une société trop codifiée et qui se réapproprie différentes formes d’art pour mieux exister.

Un peu de sémantique

Il existe plusieurs hypothèses sur l’origine du mot hip hop mais Keith Wiggins dit « Cowboy » du groupe Grandmaster Flash est souvent crédité pour en être à l’origine. Grandmaster Flash & The Furious Five compose avec le titre « The Message » le morceau fondateur et incontournable de la musique hip hop dite au départ le disco rap.

Cowboy aurait employé le mot hip hop pour taquiner un ami qui rejoignait l’armée américaine en scandant « hip/hop/hip/hop » pour imiter le rythme de la marche des soldats.

Le mot hip hop apparaît pour la première fois dans la chanson Rapper’s Delight du The Sugar Hill Gang. Son apparition fait de cette chanson le premier morceau officiel de hip hop dans la culture hip hop.

C’est en 1981 qu’il fait sa première fois dans la presse dans un article du journal The Village Voice écrit par Steven Hager.

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Crédit photo : GrandMaster Flash & The Furious Five, Keith Wiggings à droite

Là où tout a démarré

Le mouvement est né dans les années 70, aux USA, dans le South Bronx, quartier populaire au Nord de Manhattan. C’est le territoire des Afro-américains, des Jamaïcains, des Hispaniques.

Alors que la jeunesse de Manhattan ondule sur les vibrations du disco et du funk, celle des ghettos s’invente un nouveau son pour mieux affirmer qu’elle existe. Les DJ Kool Herc, Afrika Bambaataa, Grand Master Flash en sont les figures de proue. C’est le début des blocks ou street parties où les DJ scratchent sur les platines pour faire résonner cette nouvelle musique rageuse.

C’est l’émergence d’une nouvelle danse : le breaking, qui veut littéralement casser les codes et des b-boys et des b-girls. On danse en cercle porté par le partage et l’énergie du groupe.

C’est la naissance d’une culture.

JE SAIS QUE TU PEUX ».
SIDNEY

Crédit photo : Marc Terranova (Dee Nasty et Afrika Bambataa à Radio Nova)

Son arrivée en France.

Bernard Zerki, journaliste français pour la revue Actuel et fasciné par le souffle de cette musique, organise une tournée en France : « Le New-York City Rap Tour ». Il est donc le premier à participer à la migration de ce phénomène.

Sidney (Patrick Duteil) en sera l’ambassadeur à jamais avec son émission culte H.I.P H.O.P  qui voit le jour en 1984 sur TF1. C’est la première fois que l’on voit une émission entièrement consacrée au hip hop dans le monde. C’est aussi la première fois qu’un présentateur noir anime en France un show qui met à l’honneur ce mouvement et sa jeunesse, celle des banlieues. Par la lucarne, tous les dimanches, juste avant Starsky & Hutch, des générations se forment à son langage, au son et au mouvement en imaginant des nouveaux possibles. Un futur. « Je sais que tu peux » l’une des phrases clefs de Sidney, marque à jamais les hip hopers en herbe. Sur le plateau de l’émission, on assiste aux premiers battles télévisés.

Dee Nasty est le premier rappeur français à représenter le mouvement en 1984.

Les premiers crews de danse se forment : Paris City Breaker, Pokemon Crew, les Vagabonds, les Wanted Posse etc.

L’émission H.I.P H.O.P présentée par Sidney, 1984

Les danses hip hop

Nous sommes dans la troisième génération de cette culture foisonnante, mais qui défend toujours si fortement sa source et son essence. Les danses qui la constituent sont désormais nombreuses. Elles ont pris leurs racines dans les danses traditionnelles, les claquettes, les arts martiaux, la capoeira, la salsa et de bien d’autres formes dansées pour mieux se réinventer.

On distingue les danses debout des danses au sol, celles du bitume de celles des clubs. Elles se transmettent sur les parvis, au coin d’un immeuble, dans une MJC, dans un club et désormais à coup de workshops ou tout simplement dans des écoles (la Juste Debout School, l’AID, la Flow Dance Academy, le centre de danse Kim Kan, l’Epse danse, dans certains conservatoires etc.)

Elles s’appellent Break, Locking, Popping, House, Hype, Jookin, le L.A Style, Waacking, Krump, Electro, Voguing etc. Ce sont les danses urbaines, les danses de la contre-culture.

Elles ont toutes un point commun : défendre la liberté, le freestyle, le partage, le flow, le multiculturalisme, le goût du défi et de l’invention de soi et restent indissociables des courants musicaux qui les portent. Souvent résumé tout simplement par ces quelques mots anglais peace, love, unity & having fun.

Depuis 30 ans, ces danses qui rassemblent des « frères et des sœurs » ne cessent de démontrer leurs vertus sociales.


INSPIRE-toi de tout le monde pour ne ressembler à personne.
OUSMANE SY

Crédit photo : Sophie Bramly (Danseurs à la Granges aux Belles, 1984, Paris)

Du battle à la chorégraphie

Les danses hip hop sont des danses de défi, de compétition. On s’affronte en battle pour mieux se jauger, être reconnu : des rites de passage. Le Battle of the Year est le premier évènement phare de la sphère hip hop à voir le jour. Depuis, de nombreux rassemblements ont essaimé et viennent rythmer l’année : le Juste Debout, les Hip Hop Games, Le Hip Opsession, le Notorious IBE, le Red Bull BC One, le Frequency etc.

Mais comment passer d’une danse libre à une danse de théâtre ?

Poser une écriture chorégraphique sur un langage libre, non codé semble antinomique. Les premières compagnies hip hop voient pourtant le jour dès les années 80. La première est Black Blanc Beur fondée par Jean Djemad, programmée dès 1984 à Montpellier Danse. Des chorégraphes issus de la danse contemporaine forment les premiers spectacles 100% hip hop. C’est le cas de Blanca Li en 1999 avec Macadam Macadam. 

Crédit photo : Macadam Macadam, Blanca Li

Des compagnies 100% hip hop voient le jour : Franck II Louise, Boogie Saï, Aktuel Force, Accrorap de Kader Attou (fondée par Kader Attou, Mourad Merzouki, Eric Mezino, Chaouki Saïd, Lionel Frédoc) ; Käfig de Mourad Merzouki, ; ParadoxSal de Ousmane Sy ; Hors Série d’Hamid Ben Mahi, Amala Dianor, Marion Motin avec les Swaggers, Saido Leilou, Johana Faye, Jann Gallois etc.

Révolution dans le paysage chorégraphique, depuis 2008, des chorégraphes issus du hip hop prennent la tête de centre chorégraphique nationaux pour mieux démontrer l’importance de ces danses dans la culture française : Kader Attou au Centre Chorégraphique National de la Rochelle (2008), Mourad Merzouki au Centre Chorégraphique National de Créteil et du Val de Marne (2009), le collectif Faire à la tête du Centre Chorégraphique National de Rennes et de Bretagne (2019).

Des temps-forts majeurs ont favorisé l’émergence de cette danse dans les théâtres : Montpellier Danse, Suresnes Cité Danse, les Rencontres des danses urbaines de la Villette en 1996 et Danse, Ville, Danse à Lyon en 1997.

Crédit photo : Emile Zeizig (Agwa, Mourad Merzouki)

Quelques rendez-vous et lieux incontournables du hip hop en France.

Les lieux incontournables du hip hop

Et bientôt aux JO en 2024

Le breaking a fait sa première apparition aux JO de Buenos Aires en 2018. On attend désormais la liste des b-boys et b-girls qui seront les heureux élus de Paris 2024.

Crédit photo : François Gautret, B-Boy Noé

Et pour approfondir encore vos connaissances sur la culture hip hop, Tous Danseurs vous recommande les podcasts de Mourad Merzouki, Philippe Almeida et Marion Motin.

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Dorothée de CabisSole
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